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Jeu de rôle: motivations


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Réponse courte: les propositions F et G sont les meilleures.

Les autres sont inefficaces ou trop dangereuses.

Explications et détails

L'idée derrière ce jeu de rôle est de comprendre quels sont les différents types de motivation, et quel type est préférable et pourquoi.



Types de motivations associés à chaque proposition ?

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La proposition A parle de sanction, de punition (conditionnement: punition positive) : si l'enfant n'obéit pas et qu'on le voit, on le punira.

La proposition B promet un cadeau, une récompense (conditionnement: renforcement positif) : si l'enfant obéit et qu'on le voit, on le récompensera.

La proposition C joue sur la honte/culpabilité de l'enfant : si l'enfant n'obéit pas, sa réputation/image sociale (l'image qu'il·elle a de lui·elle-même + l'image que les autres ont de lui·elle) baissera.

La proposition D encourage sa fierté : si l'enfant obéit, sa réputation/image sociale augmentera.


La proposition E repose sur un raisonnement rationnel: causes-conséquences, détaché de toute émotion, et suppose que le monde fonctionne de manière mécanique et tout le temps de la même manière (peu de variabilité).

La proposition F se base sur l'identité que l'enfant se donne lui-même, et fait le lien avec ce qu'on cherche à encourager : le travail à l'école. On cherche à montrer à l'enfant que l'activité est faite pour lui·elle.

La proposition G se base sur les émotions que l'enfant ressent lorsqu'il vit une expérience similaire à l'activité visée. On cherche à encourager durablement l'enfant à identifier et à s'engager dans ce qui le rend heureux·se et joyeux·se dans chaque activité de sa vie.



Pourquoi se motiver?

La motivation représente ce qui nous pousse à agir, ou à ne pas agir.

Parfois on agit sans motivation, de manière impulsive ou sans but.



Dans les autres cas, si on a un but en tête il est nécessaire de planifier sur la durée comment l'atteindre. Pour cela on a besoin de :

- continuer à exécuter le plan : si on change de but sans arrêt, on n'aura jamais le temps d'avancer et donc on n'en atteindra aucun. - vérifier que le détails de nos actions ne contredisent pas notre raison d'agir initiale. Par exemple, si on veut prendre soin de sa santé en arrêtant de fumer, il serait contre-productif de manger plus de junk food pour compenser le manque de nicotine, même si le but d'arrêter de fumer est techniquement atteint. - coordonner nos actions passées, présentes et futures afin d'atteindre notre but. Par exemple, pour économiser de l'argent pour des vacances en Espagne l'an prochain, il est nécessaire de ne pas dépenser de l'argent pour des vacances en Italie ou pour une nouvelle voiture très cher cette année.


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Lorsqu'on agit avec un plan, il est nécessaire d'avoir une motivation afin de persister sur la voie qu'on a choisi et de nous ramener fréquemment sur la voie initiale si on dérive. De plus, certaines activités sont parfois pénibles ; dans ces cas une motivation permet d'atténuer la pénibilité de l'activité.


Exemples d'activités nécessitant une motivation:

- bonnes résolutions de Nouvel An: faire du sport/régime, arrêter de fumer, faire des économies, passer plus de temps avec ses proches, découvrir un nouveau hobby ou une nouvelle compétence, ...

- réviser pour un contrôle

- boucler un gros dossier au travail - développer et entretenir une nouvelle relation

- préparer un voyage - ...

On remarque que la plupart de ces activités se font sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines (parfois des mois).


Se motiver par la volonté?

D'après des études scientifiques, la durée maximale pendant laquelle la plupart des gens peuvent se concentrer est d'environ 15 à 20 minutes.




Au-delà et sans motivation émotionnelle, l'esprit est cognitivement surchargé : on a beaucoup plus de mal à se concentrer, à apprendre et à être efficace, et on a un fort besoin de se reposer (5-10 minutes sont habituellement suffisantes). De plus, l'énergie nécessaire pour combattre cette envie de se reposer nous épuise beaucoup plus vite que d'habitude.

Si l'on devait se remotiver par la volonté, on devrait donc le faire 20 à 30 fois par jour de travail (8h).


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De nombreuses études ont montré que ce genre de motivation n'étaient pas efficaces : par exemple, les dernières études sur les bonnes résolutions de Nouvel An ont montré que plus de 80% des gens échouent à tenir des résolutions majoritairement axées sur la santé ou des objectifs rationnels comme faire des économies.

Meilleur type de motivation ?

Qu'est-ce qui fait qu'une motivation est meilleure qu'une autre?

Puisque la raison d'être des motivations est de nous aider à agir sur la durée (plusieurs jours à semaines), on a besoin d'une motivation durable.

Et puisqu'on essaie d'atteindre des objectifs qui nous faciliteront la vie, on a besoin que la motivation qu'on utilise ne soit pas trop dangereuse.


Motivations durables

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En dehors de la proposition E qui correspond à se motiver avec des arguments rationnels, chaque type de motivation est associé à une émotion. Des études scientifiques ont mesuré la durée moyenne de ces émotions. Les propositions A, B, C (honte) et E sont associées à des motivations sans émotion ou avec des émotions très peu durables: la peur ne dure que 40 minutes, l'envie dure encore moins longtemps (5-7 minutes pour un besoin irrépressible de MacDo ou de Nutella, 20 minutes pour besoin irrépressible de cocaïne), et la honte ne dure que 30 minutes.

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De plus les propositions A et B font références à des motivations extérieures, où l'intervention d'une personne extérieure est nécessaire ; il faudrait donc qu'une personne extérieure vienne nous menacer ou nous promettre quelque chose 12 à 96 fois par jour, ce qui serait à la fois difficile à mettre en œuvre et difficile à supporter émotionnellement.



Les propositions C (culpabilité) et D sont un peu plus durables, mais restent insuffisantes : 2h30 pour la fierté et 3h35 pour la culpabilité. On verra dans la prochaine section qu'elles comportent des risques importants. Les propositions F et G sont très durables : la satisfaction (24h) dure plus qu'une journée de travail (8h), et la joie encore plus longtemps.


Motivations dangereuses En plus d'être inefficaces, certaines motivations sont dangereuses sur le long terme.

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- A et B: punition et récompense

Par exemple, si l'on cherche à encourager un comportement (ex: ranger sa chambre) en utilisant la punition positive A (ex: privé de télé chaque fois que la chambre est mal rangée), un manque d'objectif clair et précis peut avoir un effet pervers : s'il ignore comment atteindre l'objectif qu'on lui impose (rangé à quel point? de quelle manière?), l'enfant peut avoir l'impression que quoi qu'il fasse il sera puni, et donc développer un sentiment d'impuissance par rapport à la punition. S'il est impuissant à échapper à une sanction, l'être humain se soumet et devient rapidement passif: c'est l'apathie. Encore pire, ce sentiment d'impuissance peut se propager à tous les domaines de sa vie (vie sociale, vie scolaire, amitiés, amours) et amener à un comportement d'apathie généralisé durable voire permanent. Ce phénomène s'appelle l'impuissance apprise, et peut rapidement engendrer une dépression grave.

Si la punition est communément rejetée de nos jours, la récompense est généralement considérée comme préférable. Cependant elle suppose une confiance entre la personne qui donne et celle qui reçoit la récompense. Par conséquent une inconsistance quelconque de cette récompense, même involontaire (ex: promettre un jouet en rupture de stock) se traduira immédiatement par un sentiment de trahison et des problèmes de confiance à l'avenir pour l'enfant.


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De plus, la récompense est matérialisé dans le cerveau par le neuro-transmetteur dopamine, qui joue un rôle central dans les addictions. A cause de cette molécule, cette motivation peut entrainer :

- des effets de tolérance : "Je veux plus de cadeaux ! L'année dernière j'en ai eu 37 ! Cette année je n'en ai eu que 36 !"

- une agressivité en période de manque : des études ont montré que des récompenses intermittentes augmentent le niveau d'agressivité

- une plus grande vulnérabilité à des addictions plus classiques comme le tabac, l'alcool, les drogues, les conduites à risques, les paris et les addictions aux réseaux sociaux, smartphones et jeux vidéos, qui constituent des sources alternatives de dopamine.


De manière générale, toute décision extérieure imposée (punition, récompense) suppose de refouler ses propres ressentis intérieurs sur ce qu'on aurait eu envie de faire sans intervention extérieure. Trop fréquent ou trop intense, ce refoulement engendre des blocages émotionnels (difficultés à identifier et gérer ses émotions), qui amènent à des problèmes de communication et d'identité, lesquels peuvent facilement provoquer une dépression.

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- C et D: honte, culpabilité et fierté De même, les images sociales et les pressions sociales intériorisées (honte/culpabilité, fierté) ne sont pas des émotions durables. Pour s'en servir efficacement de moteur, il est donc nécessaire de les déformer afin de ressentir en permanence cette honte/culpabilité/fierté systématique. Hors une personne n'échoue jamais 100% du temps, et elle ne réussit jamais 100% du temps non plus ; pour continuer à fonctionner avec une honte/culpabilité/fierté systématique, l'esprit a besoin de déformer la réalité pour attribuer la responsabilité des réussites ou des échecs problématiques à quelque chose d'autre que soi.


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La honte/culpabilité excessive amène à attribuer ses réussites aux autres, ce qui amène à une très faible estime de soi, et donc à cacher sa véritable identité et ses actions au monde qui les entoure. Pour se cacher, la personne utilisera un masque qu'elle aura ensuite beaucoup de mal à quitter, amenant à des problèmes de communication.

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De son côté, une fierté excessive amène à accuser les autres de ses échecs, ce qui nécessite d'abandonner une partie de son empathie, et qui renforce son arrogance de manière excessive, amenant à un isolement social lié très fortement à l'apparition de dépressions graves.

Dans les deux cas, la vision du monde et de lui·elle-même est alors déformée, et l'incite en plus à se définir de manière rigide sur ses réussites ou ses échecs: par exemple "je ne suis pas bon en langues". Cette déformation de la perception de soi, la rigidité de son identité et le manque de contrôle sur sa vie provoquent des problèmes d'identité (fortes résistances et incapacité à s'adapter aux changements), d'estime de soi et d'impuissance apprise, qui amènent à la dépression.

- F et G: valeurs et satisfaction A l'heure actuelle, aucun effet secondaire négatif des valeurs ou de la satisfaction n'a été identifié. La satisfaction et la joie ne sont pas associées à la dopamine, et ne sont donc pas sujets à tolérance, agressivité en état de manque ou vulnérabilité aux addictions. Toutes les émotions concernées sont internes, durables et ne déforment pas la perception du monde et de soi ; au contraire, elles la renforcent. En effet, pour se motiver par les valeurs il est nécessaire d'explorer qui on est et les valeurs de nos actions sur le monde, ce qui nécessite d'être à l'écoute de ses émotions. Pour se motiver par satisfaction il est également nécessaire d'être à l'écoute de ses émotions. Elles ne rigidifient pas non plus la personne et son identité, au contraire elles favorisent son adaptativité puisque valeurs et satisfaction sont sujettes à une remise en question et mise à jour constantes : "est-ce que X me correspond/satisfait actuellement ?".

Résumé Les motivations les plus durables et les moins dangereuses sont F et G, les motivations par les valeurs et par la satisfaction et la joie.

Les autres motivations : punition, récompense, honte/culpabilité, fierté et raison sont soit peu durables, soit dangereuses, soit les deux.


- Damien Follet, Bagaj © 2022


Références

- motivation (self-determination theory) : Ryan & Deci 2000, 2008, 2020 - durée maximale de concentration : Cornish & Dukette 2009

- durée des émotions : Verduyn & Lavrijsen 2014 - conditionnements: Pavlov 1927, Skinner 1957, Miltenberger 2008, 2014

- impuissance apprise : Carlson 2010, Nolen 2014, Maier & Seligman 2016 - addictions et circuit de la récompense : Koob 2017, Volkow 2018 - (sur)charge mentale: Sweller 1988, 1998 - craving : Halikas&al 1991 (cocaine) - agressivité et récompense : Looney & Cohen 1982, Otis & Ley 1993 - valeurs : Peterson & Seligman 2004, MacDonald & al 2008, Brdar & Kashdan 2009, McGrath 2014, Gander & al 2020, Lamade & al 2020 - bonnes résolutions: https://www.forbes.com/sites/kathycaprino/2019/12/21/the-top-3-reasons-new-years-resolutions-fail-and-how-yours-can-succeed/?sh=49e849156992 https://discoverhappyhabits.com/new-years-resolution-statistics/ Copyrights Photo de Davner Toledo provenant de Pexels

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